Matthieu Rouèche, directeur de la Fontation ABS, a écrit un sujet dans le courrier des lecteurs du journal le 24 Heures du 25 septembre 2018. Il revient sur la notion de « shootoir » utilisée dans un article précédent pour parler de l’Espace de Consommation Sécurisé (ECS). Son sujet est à découvrir ci-dessous:

Un terme dépréciatif
À propos de l’article intitulé « Des spécialistes de la drogue calment les «fantasmes» sur le local d’injection» («24 heures» du 6 septembre 2018).

Merci pour l’intérêt que votre journal porte à ce projet pilote et pour la qualité du travail journalistique de Romaric Haddou.
Je suis néanmoins interpellé par l’utilisation répétée du terme «shootoir» qui semble devenu le qualificatif usuel dans vos titres pour parler de l’Espace de consommation sécurisé (ECS), qui me heurte profondément. Ce terme dépréciatif et inutilement polémique emprunté aux opposants idéologiques à la réduction des risques induit une représentation faussée et simplificatrice de pratiques professionnelles spécialisées qui ont largement fait leurs preuves depuis près de trente ans. Il est de plus largement incomplet et ne tient pas compte des nombreuses spécificités et compétences se rapportant à l’accompagnement de personnes confrontées à une consommation problématique de drogues dans leurs pratiques de consommation. L’ensemble de nos pratiques d’accueil, d’accompagnement social et de soins s’effectue selon une logique qui vise notamment à sortir des stigmatisations sociales subies par les consommateur-trice-s de drogues, logique nécessaire à toute prestation d’aide à la survie et de réduction des risques pour des personnes souvent marginalisées et en rupture avec les institutions sociales et sanitaires du dispositif. Le terme «shootoir» étant à la fois polémique et stigmatisant, je ne peux décemment pas cautionner son utilisation alors que notre structure d’Espace de consommation sécurisé (ECS) peut simplement être nommée comme telle.

Matthieu Rouèche,
directeur de la Fondation ABS, Lausanne